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Et dans sa détresse, elle regrettait que la bêche du jardinier ne l’eût pas massacrée au jour de sa naissance.

— Oh ! laissez-moi mes doux rêves et mon inspiration, disait-elle aux fleurs qui l’entouraient ; ainsi vous, joli bouton de rose, qui vous penchez vers moi d’un air riant et vainqueur, si deux doigts traîtres et cruels étreignaient votre corolle et l’empêchaient de s’ouvrir, oh ! dites, ne gémiriez-vous pas sous l’étreinte ? ne crieriez-vous pas grâce ? ne demanderiez-vous pas l’air et la liberté ?

C’est en vain qu’elle eût voulu l’oublier, la violette sentait qu’elle pouvait être quelque chose, elle, qu’un rayon de soleil avait amenée là et qu’un vent d’orage pouvait emporter.

N’ayant pu attirer l’attention des roses et des lis, elle voulut être remarquée quand même, elle se montra trop, au risque, l’imprudente ! de se faire cueillir par quelques promeneurs amateurs de la violette.

Un jour elle vit un papillon, le plus joli, le roi