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dire d’elle ; car elles se trouvaient très-offensées de ce qu’elle voulût les dominer.

Cependant notre héroïne, un jour, crut son mérite assez grand pour le montrer au peuple parfumé, et de sa petite voix mélodieuse elle raconta un drame plein de larmes sur les amours malheureux d’une fleur et d’un papillon.

Ce récit, qu’elle puisa au fond de son cœur, avait ému et charmé tout le parterre.

Elle crut ainsi s’attirer la bienveillance et aussi quelques éloges, mais elle fut bien trompée dans son attente. Les roses la dédaignèrent, et le lis superbe, le souverain du parterre, secoua sa blanche et noble tête et ne daigna pas abaisser ses regards jusqu’à la pauvre petite plante qui pleurait à ses pieds.

Et la violette se lamentait sous la feuillée, maudissant l’injustice des fleurs et des papillons.

Puis elle se pencha tristement sur sa tige ; plus rien ne la charmait, ni le chant des oiseaux ni le murmure du ruisseau. Le souffle de la brise, le cri de l’insecte dans l’herbe, tout l’importunait.