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souvent pour courtisans de vils insectes : c’était une araignée dont les longues pattes, en s’allongeant sur elles, les faisaient frissonner de dégoût ; ou bien encore un hanneton à l’agonie qui passait lourdement sur leurs corolles, cherchant le pied de quelque plante pour y creuser son tombeau.

Cependant, parmi ces violettes, il en était une plus sombre et plus rêveuse que les autres.

Elle touchait la terre, et elle rêvait le ciel, elle rêvait la gloire ; il est vrai qu’elle recélait dans sa tête brune et azurée plus de poésie et d’inspiration que bien des fleurs cultivées.

Elle savait charmer par son esprit et ses douces causeries. Elle s’était même attiré quelques courtisans.

Les violettes ses compagnes en étaient bien un peu jalouses, et les roses s’en indignaient quelquefois.

— Mais qu’a-t-elle, cette petite violette, disaient-elles, pour attirer ainsi les papillons ?

Et tout le parterre disait en chœur :