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C’était par un beau jour d’avril.

Un jardinier parcourait les plates-bandes d’un parterre ; il bêchait et sarclait, afin de dégager des mauvaises herbes les fleurs qui commençaient à se montrer.

Il arriva bientôt auprès de quelques violettes qui sortaient de terre et qui étaient venues là par la main de la nature.

Le jardinier hésitait s’il devait laisser ou massacrer les petites audacieuses qui avaient osé venir là sans sa permission.

La bêche implacable suspendue sur leurs têtes, les pauvrettes, effrayées et tremblantes, se pressaient l’une contre l’autre, et dans leur langage rustique, elles disaient au jardinier :

— Je vous en prie, mon bon monsieur, ne nous tuez pas ? Quel mal avons-nous fait de naître sur ce lit de gazon ? Nous ne ferons pas grand bruit entre ce lis et ce rosier, c’est à peine si l’on nous apercevra. Laissez-nous vivre, et puisque le bon Dieu nous a mises là, ne détruisez pas ce que le bon Dieu a fait.