Page:Delaunay - L Enlevement de Celine.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 41 —

serie, et semblait donner de la vie à ses personnages.

C’était une scène du vieux temps, représentant de puissants seigneurs suivis de leurs esclaves.

Les Maures et les Mauresques, le regard levé au ciel, implorant Dieu, ne laissaient voir que le blanc de leurs yeux. Ces grands yeux blancs, qui se détachaient sur leur figure noire à la lueur vacillante de la lampe, faisaient un étrange effet, et rassuraient peu Céline par cette nuit orageuse. Elle se disait, il est vrai, que tout roman a bien ses scènes lugubres, et cela l’aidait à prendre son mal en patience.

La lampe s’éteignit tout à fait. À la clarté de la lune, Céline poussa le guéridon devant la porte qu’elle redoutait ; puis, grelottant de peur autant que de froid, elle se jeta tout habillée sur le lit, et, malgré les efforts qu’elle fit pour vaincre le sommeil, elle ne tarda pas à s’endormir, mais ce ne fut pas sans faire des rêves bien sombres.