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Et ils se séparèrent. Elle suivit des yeux le jeune homme, et alors elle remarqua qu’il avait de la tournure, une jolie taille, qu’il était mince et avait le petit pied, sa toilette aussi lui semblait irréprochable.

Depuis plusieurs jours il passait, et elle avait bien vu qu’il soupirait pour elle ; mais, devenue défiante par la déception qu’elle venait d’éprouver, elle avait feint de ne pas s’en apercevoir.

Mais aujourd’hui elle ne pouvait plus se tromper sur le rang de ce nouvel adorateur, puisqu’on venait de le qualifier du titre de marquis.

Il la suivit le soir et essaya de lui parler, mais Céline doubla le pas, par la raison que, d’après ses idées romanesques, on ne devait accorder pareille faveur à un jeune homme qu’après l’avoir laissé soupirer pendant bien longtemps.

Cela, du reste, ne paraîtra pas trop invraisemblable pour celui qui connaît la provinciale.

Elle est généralement sentimentale, poétique et prude quelquefois. En province, on s’aime longtemps du regard avant que de se le dire.