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pas une digression ni même le résultat d’une modification dans le plan de Smith, car il a étudié les lois de la richesse comme il avait étudié les lois morales et comme il avait entrepris d’étudier les lois qui régissent notre esprit. Cette histoire de la civilisation n’était, dans son esprit, qu’un cadre destiné à grouper ces différentes études faites dans un but unique et à rendre manifeste cette tendance universelle à l’harmonie que son esprit et son cœur avaient devinée.

Comme l’a magistralement enseigné Guizot[1], la civilisation consiste dans la combinaison des idées théoriques nées du développement de l’esprit humain avec les circonstances de l’état social. Or, dans sa Théorie des sentiments moraux, le philosophe écossais a suivi le développement moral de l’homme ; dans ses Essais, il a entrepris la genèse de son développement intellectuel ; dans ses Recherches, il a étudié le développement de l’état social en ce qui concerne la richesse, c’est-à-dire l’histoire du développement matériel de la société, tandis que dans son Traité du Droit, il se proposait de suivre le développement de ses institutions. Voilà ce qu’il était nécessaire, d’établir afin de bien faire comprendre l’unité de l’œuvre de Smith et la grande pensée qui domine ses divers travaux.

  1. Histoire de la Civilisation en Europe, p. 96.