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passages favorables à leurs systèmes et donner ainsi à leurs théories l’appoint de son autorité.

Cependant, alors que les Anglais se montrent généralement si disposés à mouler dans le bronze les traits de leurs grands hommes, Adam Smith, par un oubli peu explicable, n’a pas encore de statue. Ni à Kirkaldy qui fut son berceau, ni à Oxford où il étudia, ni à Glasgow où il fut successivement élève, professeur et recteur, aucun monument ne fait connaître à la jeunesse les traits sympathiques de cet homme dont elle entend constamment citer le nom et dont l’orgueil national est si fier. À Édimbourg même où il repose, personne n’entretient sa modeste tombe et la pierre tumulaire disparaît, dit M. de Studnitz, sous les mauvaises herbes et les tessons de bouteilles ![1]

  1. Dans un article paru dans le Die Geyenwart, de Berlin, le 26 février 1876, et traduit par le Journal des Économistes (1876, t. II, p. 258), M. de Studnitz a insisté sur ces faits. Durant un récent voyage en Angleterre et en Écosse, il avait cherché vainement les monuments qu’on avait dû élever à la gloire d’Adam Smith, et, au cimetière de Canongate où il était allé faire un pieux pèlerinage, il avait eu même beaucoup de peine à trouver le tombeau du célèbre économiste. « Il faut passer, dit-il, sur beaucoup d’autres tombes pour en approcher. Il est adossé contre le mur de derrière d’un bâtiment habité par un employé et dont une fenêtre donne de ce côté. Contre le mur s’appuie une pierre peu ornée, d’environ dix pieds de hauteur, où se trouve la simple inscription que voici : Ici sont déposés les restes d’Adam Smith, auteur de la Théorie des sentiments moraux et de la Richesse des Nations. Il était né le 5 juin 1723 et il mourut le 17 juillet 1790… La tombe est complètement négligée : des tessons, des écailles d’huîtres la couvrent en partie, et les mauvaises herbes, qui croissent en abondance, ne parviennent pas à voiler ces débris, car on paraît en jeter de temps en temps de nouveaux sur le tombeau, de la fenêtre qui se trouve au-dessus. » — Quant à des statues, les compatriotes d’Adam Smith n’ont pu nous en indiquer aucune, on sait cependant que l’Université d’Oxford avait confié à un sculpteur autrichien, M. Garser, la mission d’en exécuter une ; il parait même que cette statue a été faite d’après le médaillon de Tassie et la silhouette dessinée par Kay en 1790, silhouette qui se trouve actuellement à Oxford dans la Randolph Gallery, mais on n’a pu trouver l’endroit où elle a été placée. Ajoutons cependant qu’il existe un petit buste d’Adam Smith, en marbre, par Maricotti, oublié dans un coin du Townhall de Kirkaldy.