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comme on le sent assez, profiter de toutes les occasions que pourrait lui offrir un pays nouveau pour lui de confirmer sa théorie par des exemples. » Or, Paris était, plus que jamais, la reine de la littérature, et le philosophe écossais se trouvait dans les meilleures conditions possible pour poursuivre également ses études dans cette partie de la science.


Toutefois il fallait songer au départ et rentrer en Angleterre, car plus de deux ans et demi s’étaient écoulés depuis l’arrivée en France des deux voyageurs. Aussi, en octobre 1766, Smith ramenait son élève à Londres pour le remettre à sa famille. Malgré toutes les appréhensions qu’avaient pu concevoir ses amis, le jeune duc de Buccleugh était enchanté de son voyage. Il avait trouvé dans Adam Smith, en même temps qu’un maître éminent, un ami dévoué, et, longtemps après, il écrivait ces lignes qui constituent le meilleur des témoignages en faveur du caractère privé du philosophe[1] : « Au mois d’octobre 1766, nous rentrions à Londres après avoir passé presque trois années ensemble, sans le moindre désagrément, sans la moindre froideur, et, de mon côté, avec tout l’avantage que l’on pouvait attendre de la société d’un pareil homme. Notre amitié s’est continuée jusqu’à l’heure de sa mort et je resterai toujours sous le coup d’avoir perdu un ami que j’aimais et que je respectais, non-seulement pour ses grandes facultés, mais encore pour ses vertus privées. »

  1. Fortnightly Review. Adam Smith as a person, by W. Bagehot.