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CHAPITRE III


Au mois de mars 1764, Adam Smith, accompagné de son élève, partait pour la France, et, dès le lendemain de son arrivée à Paris, il envoyait au recteur de Glasgow sa démission officielle de professeur.

Ce document a été conservé dans les Archives de l’Université. On y sent toute l’affection que Smith avait pour sa chaire et toute l’étendue du sacrifice qu’il consentait en se résignant, pour l’amour de la science, à quitter cette vie heureuse et tranquille qu’il avait menée pendant douze années : « Je n’ai jamais été, dit-il en terminant, plus occupé du bien du collège que je ne le suis en ce moment, et je désire sincèrement que mon successeur, quel qu’il puisse être, en même temps qu’il honorera sa place par ses talents, contribue au bonheur des hommes excellents avec lesquels il sera appelé à vivre, par les vertus du cœur et la bonté du caractère ».

L’Université ne pouvait qu’accepter cette démission qu’elle avait tenu à retarder le plus possible, dans l’espoir, peu probable cependant, d’un revirement dans la détermination d’Adam Smith. Mais elle tint à constater sur ses registres toute son admiration pour le professeur et l’expression des regrets unanimes qu’il laissait derrière lui. « L’Assemblée, y est-il dit, accepte la démission du Dr  Smith, aux termes de la lettre précédente, et, en conséquence, la chaire de professeur de philosophie morale dans cette Université, est déclarée vacante. L’Université ne peut, en même temps, s’empêcher de manifester son regret sincère de se voir enlever le Dr  Smith, dont les vertus distinguées et les qualités aimables avaient excité l’estime et l’affection de ses collègues et qui honorait cette Société par son génie, ses talents et par l’étendue de ses lumières. Son élégante et ingénieuse Théorie des sentiments moraux l’avait fait appré-