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que nous confirmer dans cette doctrine de liberté que le célèbre économiste a eu le mérite de développer si brillamment.


Les dépenses générales de l’État sont défrayées par les revenus du domaine, le produit de l’impôt, et quelquefois aussi au moyen de l’emprunt.


Le domaine privé était déjà fort réduit dans les divers pays à la fin du XVIIIe siècle, par suite de la prodigalité des gouvernements, et on n’observait pas encore la tendance plus moderne, qui conduit certains États à reconstituer un nouveau domaine, sinon agricole, du moins industriel. Aussi Smith ne s’y arrête pas et il ne fait guère que l’énumération des différentes sources de ce revenu qui comprend généralement la poste, parfois aussi mais exceptionnellement, des entreprises financières telles que la banque de prêts de Hambourg, enfin la culture des terres. Il dit peu de chose des entreprises financières, ne les jugeant pas susceptibles de fournir un produit important et surtout certain, mais, en revanche, il est d’avis que l’État peut se charger du service de la poste. « Les postes, dit-il[1], sont, à proprement parler, une entreprise de commerce ; le gouvernement fait l’avance des frais d’établissement des différents bureaux, de l’achat ou du louage des chevaux et voitures nécessaires et il s’en rembourse, avec un gros profit, par les droits perçus sur ce qui est voituré. C’est peut-être la seule affaire de commerce qui ait été conduite avec succès, je crois, par toute espèce de gouvernement. Le capital qu’il s’agit d’avancer n’est pas très considérable ; il n’y a pas de secret ni de savoir-faire dans une pareille besogne ; les rentrées sont non seulement assurées, mais elles se font immédiatement ».

Toutefois, s’il fait ainsi des distinctions parmi les entreprises industrielles et commerciales de l’État, admettant les unes et rejetant les autres, il condamne en bloc toutes les exploitations agricoles, quelque forme qu’elles puissent prendre. Il fait remarquer avec raison que, dans un pays civilisé, les revenus fonciers de la couronne sont peut-être ceux qui coûtent le plus cher

  1. Rich., liv. V, ch. II (t. II, p. 485).