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communément le revenu public, celui dont la perception et l’application sont, dans la plupart des pays, attribuées au pouvoir exécutif. » Smith estime, à cet égard, que la plupart de ces entreprises peuvent aisément être régies de manière à fournir un revenu particulier suffisant pour couvrir leur dépense, sans grever d’aucune charge le revenu commun de la société, et il donne d’heureux exemples de la spécialité des taxes dans les droits de barrière ou de péage payés par les intéressés pour l’usage des routes et des ponts, dans les droits de seigneuriage exigés pour la fabrication de la monnaie et surtout dans les taxes postales. Il trouve dans cette manière de procéder de nombreux avantages, car non seulement ces taxes sont plus justes, parce qu’elles ne sont supportées que par ceux qui profitent de la dépense, mais les travaux eux-mêmes sont plus économiquement effectués et mieux compris parce que l’intérêt direct de ceux qui les entreprennent est ici en jeu. Il insiste même en toute occasion sur la préférence à accorder à l’industrie privée, lorsqu’elle consent à se charger non seulement de l’exploitation, mais encore de la construction. Alors, en effet, il faut que chaque ouvrage fournisse au moins son revenu et la prime nécessaire à l’amortissement du capital : de la sorte, pas de grands travaux inutiles, pas de luxe stérile, mais des entreprises en rapport avec les besoins qu’elles ont pour but de satisfaire. « Lorsque les grandes routes, les ponts, les canaux, dit-il[1], sont ainsi construits et entretenus par le commerce même qui se fait par leur moyen, alors ils ne peuvent être établis que dans les endroits où le commerce a besoin d’eux, et, par conséquent, où il est à propos de les construire. La dépense de leur construction, leur grandeur, leur magnificence, répondent nécessairement à ce que ce commerce peut suffire à payer. Par conséquent, ils sont nécessairement établis comme il est à propos de les faire. Dans ce cas, il n’y aura pas moyen de faire ouvrir une magnifique grande route dans un pays désert qui ne comporte que peu ou point de commerce, simplement parce qu’elle mènera à la maison de campagne de l’intendant ou au château de quelque grand seigneur auquel l’intendant cherchera à faire sa cour. On ne s’avisera pas d’élever

  1. Rich., liv. V, ch. I (t. II, p. 378).