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sont des débris de son œuvre, des études complètes, souvent admirables, que l’auteur a voulu sauver et qu’il a placées, comme après coup, aux endroits qui lui ont semblé s’y prêter le plus facilement. Beaucoup de ces dissertations sont très savantes et fort remarquables, toutes sont très consciencieuses, et elles méritent qu’on s’y arrête. Toutefois, par leur nature même, elles donnent au livre une certaine lourdeur, et les commentateurs qui ne les ont pas considérées sous le même aspect que nous, n’ont vu dans ces morceaux détachés que des défauts de rédaction ou des vices de composition. C’est le cas des digressions célèbres sur les variations de la valeur des métaux précieux aux quatre derniers siècles, sur les banques de circulation et le papier-monnaie, sur les banques de dépôt, sur le commerce des blés et la législation des céréales.


Le plan d’Adam Smith est donc un plan particulier à la nature même de ses études. Aussi, nous aurions désiré pouvoir le respecter ici dans tous ses détails, afin de nous pénétrer du véritable caractère de cette œuvre incomparable, et c’est dans l’ordre même où le célèbre économiste les a présentées, avec ses digressions historiques, ses incursions dans le domaine des autres sciences, que nous aurions voulu exposer ces doctrines fondamentales qui ont fait l’admiration de la postérité et la gloire de leur auteur. Malheureusement, il n’y faut point songer. Ce n’est pas dans les limites, nécessairement restreintes, de ce travail, que nous pouvons tenter de donner la physionomie exacte de ce livre considérable, si étendu et si varié, dont le style et le plan charment toujours le lecteur, malgré leurs défauts et par leurs défauts mêmes, grâce à ce talent d’exposition persuasive que donnent à Smith l’amour de la vérité et la poursuite du bonheur du peuple, secondés par une profonde connaissance de l’âme humaine. Il faut lire l’ouvrage en entier pour s’en rendre compte, et, en le lisant, il faut être pénétré de cette idée sur laquelle il importe tant d’insister parce qu’elle éclaire singulièrement la portée des recherches de Smith, à savoir que nous sommes en présence d’un fragment remanié d’une Histoire générale de la civilisation.

Ce traité de la Richesse des Nations, qui a fondé l’économie