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de la métaphysique des anciens, qui contient l’exposé des doctrines de Platon, d’Aristote et des stoïciens, sur cette partie de la science. Cet essai est d’ailleurs très court et également inachevé. L’auteur y remarque notamment que, dans l’antiquité, avant Aristote, on envisageait généralement la logique et la métaphysique comme une seule et même science « et qu’on en avait fait cette ancienne dialectique dont on parle tant, dit-il, et qu’on connaît si peu[1] »

Tout en suivant l’histoire des différentes branches de la philosophie, Smith avait également entrepris de rechercher dans la marche des Arts imitatifs les manifestations du développement de l’esprit humain. Cet essai est assez long, quoiqu’il n’ait pas été terminé. L’auteur y examine l’origine et le caractère de la peinture, de la musique, de la poésie et de la danse ; il recherche quel est le mérite des arts imitatifs, puis quelle est la cause de la faveur qui y a toujours été attachée et il la trouve dans le sentiment de la difficulté vaincue.

C’est une étude fort curieuse ; mais, pour en donner une idée, il faudrait examiner en détail chacune des observations qui y sont contenues, et nous serions entraîné hors des limites de ce travail. Signalons ici toutefois une application curieuse, mais peu exacte, de la doctrine de la sympathie. Smith voit partout l’effet de cette affection : c’est dans la sympathie qu’il trouve le principe des sentiments qui nous animent à la vue d’un tableau, à l’audition d’un morceau de musique et jusque dans la danse. « C’est ainsi qu’en peinture, dit-il, l’effet de l’expression naît toujours de la pensée de quelque chose dont le dessin et le coloris suggèrent l’idée, quoique tout à fait différent du coloris et du dessin. Il dépend, tantôt de la sympathie, tantôt de l’antipathie et de l’aversion que nous éprouvons pour les sentiments, les émotions, les passions, dont la physionomie, l’action, l’air et l’attitude des personnes représentées suggèrent l’idée[2]. »

En effet, pour le philosophe écossais, la peinture, la musique, la poésie et la danse sont des arts imitatifs. En reproduisant l’expression de certains sentiments, ils suscitent notre sym-

  1. Essais, II, 35.
  2. Essais, II, 122.