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CHAPITRE II




La guerre est cruelle.


La guerre est le plus cruel des moyens de régler les litiges entre les nations. On lui a reconnu ce caractère à toutes les époques. Ceux qui en étaient les plus partisans, ceux qui se plaisaient à la peindre, en l’entourant d’une auréole de gloire, n’ont pu dissimuler ses atrocités. Il paraîtra presque superflu de retracer ses horreurs, tellement elles ont été l’objet de nombreux et de vivants tableaux. Il le faut cependant. Si ce n’est pas, aujourd’hui, au cœur que les pacifiste prétendent surtout s’adresser, s’ils veulent convaincre la raison, montrer l’inutilité, l’absurdité actuelle, l’immoralité de la guerre, plus encore que sa férocité, il est bon que l’on rappelle brièvement le plus grand et le plus constant des reproches qu’on lui ait faits.

Les chantres épiques, et, à leur tête, Homère, se sont eux-mêmes émus des maux qu’elle engendre. Ceux qui exaltaient les héros belliqueux se laissaient arracher parfois des cris de pitié pour ses victimes. Malherbe, qui rêvait, pour l’enfant à naître de Marie de Médicis, la conquête de l’Univers, aspirait cependant, pour le peuple français, aux douceurs si attendues de la paix. Fénelon trouvait les hommes qui s’entr’égorgent plus sauvages que les fauves. Ceux-ci n’attaquent que des animaux d’espèce différente