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marchait tout doucement, et comme au hasard ; mais elle savait bien où elle allait.

Passée la barrière de la ferme Lelandais, elle ne fut pas trouver la fermière à la laiterie ou du côté du potager. Elle laissa la maison à sa droite, prit le grand clos où sont les bestiaux ; et traversant les vaches rousses et blanches, elle se dirigea vers le fond, là où stagne, entourée d’un demi cercle d’arbres, la grande mare désordonnée, recouverte en partie d’une lisse couche verte, hérissée de roseaux, avec de grandes places dégagées où nagent les feuilles des nénuphars.

Les arbres, bouquets morts, commençaient à s’effeuiller sur l’eau trouble. Dans la boue épaisse du bord, le bétail avait laissé des empreintes fourchues.

Toutoune ne risqua pas ses petits sabots là-dedans. Elle alla plutôt du côté des branches qui surplombaient, à la découverte d’une fourche commode, pour y grimper et s’asseoir au-dessus de l’eau.