Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces personnages rebrodés et dorés dont les mains consacrées appellent la divinité, suprême vestige, en pleine campagne de chez nous, de l’Orient miraculeux des rois mages.

Sans même chercher le sens de ce rapprochement, Toutoune, chaque fois qu’elle entrait dans le banc qui, depuis cent ans, était celui du manoir de Gourneville, se sentait saisie d’une sorte de joie sourde et lyrique. Des images confuses se formaient dans son esprit de petite fille. Elle se revoyait au temps des premiers vagissements de la pensée, quand le matin de Noël enveloppait la chambre de Paris d’une atmosphère enchantée.

L’Enfant Jésus dans la cheminée, les petits souliers débordants de paquets mystérieux, le sentiment d’un miracle accompli dans la nuit tandis qu’elle dormait, tout cela n’avait-il pas, jadis, ressemblé de très près à cette messe pleine de bercements et de scintillements, dont la longue liturgie, dont le parfum religieux l’enveloppaient ?