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ces. Elles vivent sur le vieil adage normand : Chacun cheuz sé.

Au manoir, Toutoune, entre les mains de la mère Lacoste, se laisse docilement endimancher. La nourrice lui a savonné la figure, avec la même ardeur qu’elle met à récurer les cuivres. Elle lui a également passé la brosse mouillée sur les cheveux. Le dimanche, il faut briller. Toutoune brille autant que la bassine à confitures. Son petit visage sans couleur est presque rouge sous le chapeau de village qui la coiffe, paille couleur de citron couverte de marguerites blanches et de nœuds roses. Deux rubans d’un bleu cru flottent au bout de ses nattes. Sa « belle robe », choisie en ville par la nourrice, est en broderie crème sur fond bleu de ciel. Des chaussettes blanches et des souliers jaunes terminent cet ensemble. Toutoune ainsi parée est véritablement un chien qu’on aurait déguisé, personnage des fables illustrées de La Fontaine.

La mère Lacoste l’enveloppe d’un regard