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sa nourrice, pour simplifier les choses, et parce que la salle à manger était trop grande pour elle toute seule.

Des habitudes paysannes lui étaient naturellement venues : couper son pain, mettre les bras sur la table, enfoncer la serviette dans son cou, manger avec bruit, tenir sa fourchette en l’air. Elle ne s’en rendait pas plus compte que de ses ongles mal soignés, et autres petites grossièretés de tous les jours.

Ayant sorti la bicyclette de sa niche, elle s’assit dessus pour se diriger vers le hasard.

Cette bicyclette, c’était le dernier cadeau de ses parents. Certes, ils n’étaient pas avares de leur argent. Ils ne l’étaient que de leur présence.

Toutoune volait à ras de terre, petit Mercure aux talons ailés. La bicyclette des enfants d’aujourd’hui remplace très bien la gouvernante du passé. Toutoune avait le droit de se promener seule dans la campagne, à des kilomètres autour du manoir.