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tait une belle histoire à quelque enfant maussade. Alger… Les randonnées dans l’auto du colonel… Les salons du Gouverneur… La maison de mes parents, qui nous est ouverte, avec son luxe et son confort… Les promenades à cheval dans le Sahel… Le yacht du baron Lorge… La bonne petite vie d’autrefois, avec son Charles qui l’aimera bien… qui la câlinera bien…

Elle haussa furieusement les épaules.

— Ça ne sait même pas qu’il y a la guerre !

— La guerre ?… répliqua-t-il. Oh !… tu sais…

Puis, refaisant un pas vers elle :

Eh bien ! Minouche ?… Ça ne te dit rien, tout ça ?

Peu à peu remplis d’une âme glaciale, les yeux pâles le dévisageaient. Devant eux, sans doute, une comparaison faisait miroiter sa double image. Marie-Ange revoyait sa première jeunesse trépidante, amoureuse, bousculée, banalisée, face à ses trente-cinq ans d’aujourd’hui, si poétiquement, si dou-