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longtemps cru que ce grand-père et cette grand’mère que j’avais en Algérie étaient des espèces de sauvages avec des anneaux dans le nez.

Papa et maman sont revenus, du reste. J’avais grandi. Ils ont ri en me voyant. Je devais alors avoir cinq ans à peu près. Mes cheveux, que la mère Lacoste avait laissés repousser, formaient déjà deux grosses nattes sur mon dos.

J’ai des cheveux épais comme l’herbe de juin, et qui seront très longs. Mais ils sont d’une couleur qui n’en est pas une. On ne sait pas si c’est blond, si c’est gris, si c’est jaune. Cela a plutôt la couleur du foin. C’est sec et lourd autour de ma figure, et ça ne frise pas. Mes joues sont à peu près de la même teinte, et j’ai toujours mon museau de chien-loup, encore plus chien-loup depuis que mes vraies dents sont sorties, toutes bousculées, aiguës, et trop blanches dans ma figure sans couleur. Mes yeux aussi sont d’une nuance à laquelle on ne donne pas de