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C’était vrai qu’elle n’avait pas vu la nourrice ce matin. D’avance elle cria dans les escaliers :

— Nounou !… Nounou !… Mais descends donc ! Qu’est-ce que tu fais ?…

N’entendant rien, elle hésita. La mère Lacoste était sûrement en bas. Peut-être lavait-elle du linge dans la remise.

Par acquit de conscience, Toutoune ouvrit la porte de la chambre. La nourrice était dans son lit.

— Nounou ?…

Elle fit un pas, le cou tendu.

Bien enfoncée dans l’oreiller, sur le dos, les bras sous la couverture, la nourrice avait les yeux soigneusement fermés, le visage lisse et décharné, d’une pâleur incomparable et comme sublime, la bouche jetée un peu de travers, une mèche grise traversant son front.

Toutoune, immobile, regarda. Ses lèvres hermétiques ne pouvaient même pas formuler un mot. L’animal, en elle, comprenait