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dront même pas cette année… » songeait la fillette avec amertume.

Elle s’était couchée la veille, des larmes sur les joues, et son réveil avait été triste, comme il arrivait souvent. La mère Lacoste, après avoir desservi la table de leur déjeuner, dans la cuisine, achevait de ranger la vaisselle au fond du buffet. Elle allait prendre sa couture. Toutoune, indécise, pensait à sa bicyclette, et regardait son ours de peluche, en même temps qu’une envie lui venait d’aller tapoter le piano.

Le valet de ferme entra sans frapper dans la cuisine, le visage décomposé, les cheveux au vent.

— Ça y est ! dit-il. La guerre est déclarée.

Toutoune et la nourrice le regardaient.

Elles ne lisaient jamais de journaux. Les nouvelles du monde, avec des semaines de retard, parvenaient péniblement au manoir par les racontars du marché.

Il est bien des coins campagnards de France et d’ailleurs où la terrifiante annonce