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vrit les narines. L’odeur de son pays commençait déjà.

La campagne fut bientôt gagnée. Alors l’enfant eut une émotion en voyant le premier printemps, petits bourgeons serrés, ciel clair, lumière fraîche.

L’air mouillé de la route l’éventait, au grand trot du cheval Mouton. C’était un accueil charmant, une surprise. Elle avait quitté la campagne en pleine neige. Sans transition, elle la retrouvait presque printanière. Les oiseaux chantaient si fort qu’on les entendait à travers le bruit de la carriole. Et ces petites voix étaient un délicieux rafraîchissement pour l’âme.

En passant la grille, en apercevant le manoir, Toutoune retint un sanglot.

— Tu dois avoir bien faim, mon bézot !… dit la mère Lacoste, comme elles entraient dans la cuisine.

Mais la fillette ne répondit rien. Elle était étrangement pressée de revoir sa demeure. Pendant que la nourrice allumait le feu,