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mandes de robes, de chapeaux, de manteaux, avec une espèce de rage. Et c’était de la rage, en effet, qui guidait la mère, rage de penser à autre chose, et aussi d’organiser une sorte de vengeance vis-à-vis du mari volage qui trouverait, en rentrant au foyer, une nouvelle et attentive tendresse, la tendresse maternelle, remplaçant celle dont il se croyait si sûr.

Le soir, Mme Villeroy, surexcitée, se mit, après le dîner, au piano.

— Tu aimes la musique, ma fille ?

Elle avait décidément trouvé le joujou nouveau qui la distrairait de son chagrin.

Toutoune, hors d’elle à force de joie, écouta longtemps sa mère lui jouer les Novelettes de Schumann, les Mazurkas de Chopin, et aussi, pour l’amuser, la Boîte aux Joujoux de Claude Debussy.

— Je te ferai apprendre le piano aussi, tu verras !

Toutoune ne s’endormit que tard, accablée par trop de bonheur.