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Mme Villeroy n’avait donc encore jamais remarqué comme était sa fille ? L’enfant regretta presque, pendant le temps que dura ce dîner terrible, la présence antipathique de son père. Quand il était là, sa femme ne regardait que lui, ne s’apercevait de rien. Maintenant, seule en présence de sa mère, dans un tel décor, Toutoune sentait avec force sa paysannerie de petite fille des champs, élevée par Mme Lacoste. Avec quelle humiliation amère elle souhaitait être, ce soir, attablée dans la cuisine du manoir, en face de la pauvre nourrice !

Après le dîner, retournée au salon avec la jeune femme, la petite, éperdue de timidité, n’osant pas s’asseoir, n’osant pas parler, n’osant pas regarder, n’osant même pas sentir le parfum qui venait à elle, essaya seulement de répondre sans trop bredouiller aux questions posées par la voix douce.

Au bout d’un moment, Mme Villeroy dit :

— Je vais lire les journaux. Toi, fais ce que tu voudras.