Page:Delarue-Mardrus - Rédalga, 1931.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
rédalga

lingues n’était pas au milieu de l’avenue que le bruit de l’auto partie ne lui parvenait déjà plus.

Sous son parapluie, il arrivait à l’endroit où l’on commence à découvrir la maison. Il n’écarta pas le parapluie afin de la voir éclairée — éclairée pour lui. Mais il s’avança plus vite dans les ténèbres de la nuit novembrale. Le chien, au loin, aboya.

Il monta le perron d’un pied trébuchant. À la porte, voyant que tout restait éteint, il hésita.

« Je vais l’effrayer. » Et il frappa, ne pouvant faire autrement.

Les abois du chien devinrent furieux. Harlingues attendit. Rien ne bougeait dans la maison. Une petite peur le fit sourire encore un coup.

— Rédalga, cria-t-il, ouvre. C’est moi, chérie.

En même temps, il levait la tête pour voir la lumière apparaître.

Mais la maison resta noire.

Dans un geste d’impatience, il ferma son parapluie pour s’en faire une canne et frapper la porte plus fort.

— Rédalga !

Le chien s’étranglait de rage au bout de sa chaîne, là-bas.

Harlingues regarda brusquement à sa droite. La maison des gardiens, au-dessus du garage, venait de s’allumer.

— Bon ! Je les réveille, ceux-là !

La fenêtre de leur chambre s’ouvrit. Angoissée, la voix de Gilbert interpella :

— Qui est là ?

— Comment, qui est là ? Moi, donc.

Il entendit l’exclamation étouffée de Léontine.

— Mais c’est M. Harlingues !

— Bien sûr, que c’est moi. Venez donc m’ouvrir,

Il commençait à s’agacer de cet accueil si peu semblable