Page:Delarue-Mardrus - Mes mémoires, 1938.pdf/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.


MES MÉMOIRES



SOUVENIRS LITTÉRAIRES

II[1]


À AUTEUIL


Mon nouveau volume de vers, Ferveur, parut quand revint l’automne. J’avais reçu le baptême de la ligne et n’attendais rien de bien agréable de cette seconde traversée, en quoi je ne me trompais pas.

Ceux qui voulaient être aimables m’appelaient dans leurs articles « petite âme » avec un sourire supérieur, ou bien écrivaient : « En les récitant un peu vite et d’une voix chaude, ces vers pourraient donner l’impression d’être beaux. » Et, tendancieusement, d’autres, d’après mes vers, ne savaient « si j’étais Annamite ou Chinoise », ou bien observaient que, mariée à un Égyptien, j’avais « perdu ma nationalité française ». C’est pourtant dans Ferveur que se trouve ce poème dont j’ai parlé :

L’odeur de mon pays était dans une pomme…

poème qui est la signature même de la Normandie, donc de la France. Mais que je fusse tranquillement française agaçait les fanatiques de Mme de Noailles. Enfin, dans un très important article, Émile Faguet déclara « qu’il n’avait jamais rien lu de plus franchement comique que ma poésie ».

Et voilà pour mon second livre.

  1. Voyez la Revue du 1er mars.