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CHAPITRE VIII


I l y avait plus d’une huitaine qu’elle était rentrée quand arriva, renvoyée sans commentaire par Jacques et Max, la lettre du docteur Arnaud. Ce fut en présence de Mlle Levieux qu’Élysée voulut l’ouvrir. Il disait sa stupeur douloureuse en apprenant par le notaire la fin lamentable de sa femme. Il demandait ce que comptaient faire ses fils, leur offrait son appui dans la vie. Puis il se préoccupait longuement de sa chère petite Élise jamais oubliée, suppliait qu’on le mît au courant de sa vie dans cette pension où on la laissait monstrueusement depuis cinq ans. Il donnait son adresse militaire, espérant qu’un des trois enfants consentirait à lui écrire, malgré ses graves torts apparents.

Ce fut Mlle Levieux elle-même qui voulut bien se charger de lui répondre. Elle le fit longuement et dignement. La petite âme de l’orpheline était tombée entre ses mains ; mieux que personne elle la connaissait.

Peu de temps après, la directrice reçut à son tour la réponse du docteur. Il la remerciait avec une émotion profonde. Il lui demandait, si toutefois elle le jugeait à propos, de remettre à sa fille les quelques mots qu’il écrivait pour elle.

« Ma petite Élise tant aimée,

« Tu ne sais pas l’immense bonheur que je viens d’avoir en lisant la lettre si belle de ta directrice. Je n’ai jamais cessé de