CHAPITRE XII
L e
docteur Arnaud n’était pas encore à la maison quand elle rentra. Mais sa belle-mère, dans le vestibule, semblait la
guetter.
— Eh bien !… Tu as vu Mlle Levieux ? Ça t’a fait plaisir ?
Élysée ne pouvait ni ne voulait répondre. Son âme était comme évanouie de chagrin, de déception, de honte.
— Viens par ici, dans ma chambre !… ordonna Mme Arnaud.
Et, sans hésiter une seconde, l’enfant la suivit. Démoralisée, elle n’était plus qu’une petite loque. Elle n’avait personne à qui demander conseil. Recevoir des ordres, c’était encore quelque chose.
Quand elles furent assises l’une en face de l’autre, proie fragile qui tremble devant le rapace, Élysée évita le regard de sa belle-mère.
— Allons ! Regarde-moi !… commanda celle-ci.
Et, vacillants, les longs yeux croisés affrontèrent enfin les prunelles d’un bleu entier, dures, où s’attardait un rire indulgent et moqueur.
— Écoute, ma chérie ! Il est temps que tout ça finisse ! Non !… Non !… Regarde-moi en face… Dis-moi ? Qu’est-ce que tu t’es donc imaginé, l’autre jour ?
Devant l’effarement produit par ces mots impudents, elle poursuivit, riant toujours :