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la mère et le fils

L’autre le dévisagea, mais sans lui répondre.

— Je suis cavalier, continua puérilement Irénée, toujours en anglais.

Le cow-boy nasilla. Le slang américain, qui était la seule langue qu’il parlât, fût à peine compréhensible.

— Je veux quelqu’un qui me fasse boire, maintenant !… dit-il. Je m’ennuie. Je voudrais aussi être aimé par une femme, ce soir.

— Je peux toujours vous offrir à boire !… répondit Irénée, les yeux brillants.

Et, sans plus de façons :

— Alors, allons dehors… Il y a le nécessaire à côté, dans la rue. Vous me ferez boire, et moi je vous ferai boire, chacun son tour.

Let us go ! … dit Irénée, sans hésiter.

Son impulsion naturelle, pour une fois, était immédiatement satisfaite. En pénétrant chez le marchand de vins qui saluait Johny John comme un habitué, le cœur battant, il sentit que, ce soir, contre toute attente, il allait s’amuser formidablement.