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la mère et le fils

— Eh bien !… dit Mme Maletier, en relevant la tête, cette dame donne de très bons renseignements sur vous. Nous pouvons essayer de nous arranger, peut-être… Quel âge avez-vous ?

— Dix-sept ans, madame.

— C’est bien jeune !… Et vous êtes orphelin ?…

— Oui, madame.

— Pas de frères ? Pas de sœurs ?

— Non, madame.

— Et… vous n’avez jamais servi, je crois ?

— Non, madame… C’est-à-dire… J’ai aidé quelquefois chez Mme Derbos.

— Cette dame dit qu’elle vous a vu naître.

— Oui, madame… Mais elle est malade. Elle est obligée…

Une émotion le coupa.

— J’ai vu ça sur sa carte…, dit plus bas Mme Maletier, observant cette émotion. Mais je crois que vous ne serez pas malheureux chez nous.

Il ne répondit pas, la tête basse. Il revoyait sa malade de cette nuit, dans son lit défait par les agitations de la crise cardiaque.

— Pouvez-vous entrer aujourd’hui même ? demanda Mme Maletier après un petit silence. Cela nous rendrait bien service. Nous n’avons que la cuisinière que vous avez vue, et elle n’en peut plus. La femme de ménage a cessé de venir depuis trois jours.

— Moi je veux bien, madame. D’abord, je ne connais pas Paris… Je ne saurais pas où aller.

— Où sont vos bagages ?

— Je n’en ai pas, madame. Je suis venu comme ça. Mme Derbos est partie et…

Elle fut étonnée, mais essaya de le cacher.

— Bon, bon !… Il y a des livrées ici qui vous iront, je pense… Pour le reste… Enfin, ce n’est qu’un détail. Qu’est-ce que vous demandez comme gages ?