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la mère et le fils

— Allons-nous-en ! Allons-nous-en vite ! Vite !

Au tournant de l’allée, il se retourna pour regarder encore ce qu’il laissait derrière lui. Même morte, sa mère, une fois de plus, se refusait à sa tendresse.

Peut-être comprit-il enfin l’image de son destin. Les briques neuves s’élevaient à côté de la démolition. Sur les ruines de son enfance, il devait songer, maintenant, à édifier sa jeunesse, sa vie, sa nouvelle vie.

Encore une fois il avait lâché le bras de sa femme-enfant. Elle le dévorait du regard, avec toute l’angoisse du monde dans ses yeux de caniche. Il chancela, parut prêt à tomber. Puis revenant à lui, il se jeta véritablement sur elle. Et, la serrant avec désespoir dans ses bras, secoué de sanglots enfantins qui roulaient sa tête sur la chétive épaule :

— Mamar, pleura-t-il, orphelin lamentable, pleura-t-il, comme si toute sa jeune gloire qui débordait ce matin même dans les journaux n’eût pas été là devant lui. Mamar, oh ! aime-moi bien, ma chérie !… J’ai tout perdu, tout perdu… Je n’ai plus que toi, Mamar… Je n’ai plus que toi !…

FIN