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la mère et le fils

tante et belle. Il tira ses papiers de sa poche et les relut à la hâte.

Sur la carte de sa mère, une carte sans adresse, il avait inscrit, d’une toute petite écriture assez bien imitée :

Au moment de partir pour le sanatorium exigé par ma santé, je tiens à certifier que j’ai vu naître le jeune Jules Terrain, et que je réponds de lui. Ses parents sont morts à mon service. Il ne sait pas encore grand’chose, mais il se mettra vite au courant, car il est très intelligent.

Marie Derbos.

La lettre bleutée :

Chère amie. Il y a des siècles que nous ne nous sommes vues, et la correspondance entre nous est plutôt rare. Avec cette guerre, on ne savait plus où on en était. Mais ça n’empêche pas l’amitié, n’est-ce pas ?

J’espère que vous êtes tout à fait remise de votre grand et double malheur. Deux si beaux garçons… Enfin ! Toute la France est dans le deuil. Dieu merci, voilà le cauchemar terminé.

Moi, je n’ai pas à me plaindre. J’ai trouvé dans mon second mari le vrai rêve de toutes les femmes. Je ne dis rien de plus.

Nous partons pour Buenos-Ayres, où nous vivrons désormais. Me permettrez-vous, avant de prendre la mer, de tenir la promesse formelle que j’ai faite à mes charmants amis Maletier (dont je vous ai peut-être parlé jadis). Sachant que j’avais une amie à la campagne, ils m’ont suppliée de vous écrire pour vous demander si vous ne connaîtriez pas un garçon, ou même une fille, quelque honnête enfant de paysan, qui entrerait chez eux comme domestique. Ils sont à bout de recherches et de fâcheuses expériences, et vraiment désespérés.

Ils seraient disposés à donner jusqu’à 200 francs par mois, sans compter qu’ils sont très faciles à servir, n’ayant pas d’enfants en bas âge.