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la mère et le fils

personne ! Pas même ma mère quand j’étais petit, ni plus tard… Marie !… Marie !…

Les larmes l’étouffaient. Il se releva, la prit sur son épaule comme il avait fait déjà. Sans rien expliquer :

— Marie, chuchota-t-il en essayant de sourire. Tu portes le même nom que maman, tu sais ?… Tu es Marie… Tu es ma Marie… Ma Marie… c’est presque « maman » Mamarie. Mamar… Veux-tu t’appeler comme ça pour moi ? Mamar ?

Il baissait les paupières, il se grisait :

— Mamar… Mamar… Mamar…

S’écartant d’elle pour la regarder :

— Je t’ai battue !… oh ! je t’ai battue, moi aussi !…

Enivrée, haletante, elle murmura :

— Ça ne fait rien…

— Oh ! Mamar !… tu me pardonnes… Tu me pardonnes !… Mais moi jamais, jamais je ne me pardonnerai. C’est fini. Jamais plus je ne lèverai la main sur un visage.

Elle remit sa tête contre lui. Ce ne fut qu’un souffle.

— Je vous aime…

Il la renversa sur son bras un peu plus. Le rythme charnel était encore en lui, tout son être resté voluptueux après ces quatre nuits d’amour avec l’autre. Doucement, profondément, il embrassa sur les lèvres la petite figure sans couleur, la petite figure donnée dont les yeux s’étaient clos sur un bonheur inimaginable.