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l’hermine passant

Ne me salis

Je me penchai pour le regarder. Je vis ses yeux fixés sur la bouche de Bertrande, et je compris le désir furieux qu’il avait d’elle.

La généalogie continuait, voix décolorée passant par les lèvres rouges et passionnées de cette fille impressionnante. La mère se rengorgeait, le père ricanait sans bruit, la petite sœur attendait son tour.

Nous n’entendions même pas l’insipide litanie. Bertrande aurait pu continuer une heure sans nous réveiller de notre léthargie, deux bêtes charmées qui subissent l’emprise sans plus bouger.

Le nasillement de la gouvernante nous fit sursauter. La généalogie venait de se terminer.

— Maintenant il faudra dessiner et peindre le blason de votre mari, Bertrande, disait-elle.

Alors, sur le même ton monocorde, Bertrande récita sans en être priée, mécanique remontée qui ne peut plus s’arrêter :

— Tesnes porte d’azur à trois forces d’argent posées sans ordre. La devise est : Je le veulx.