Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
l’hermine passant

chiens, mais par la triple exclamation du comte, de la comtesse et de la gouvernante, tous trois levés en sursaut, ainsi que les deux filles, désagréable brouhaha de gens qu’on dérange dans leur petite fête. Les invités, restés à leur place, nous regardaient avec un ébahissement comique. C’était une vieille dame décharnée et pauvre, tout en noir, extraordinairement laide, et un individu que je n’avais pas le temps de détailler, mais dont les cheveux couleur de carotte, la lourde moustache de même et la pâleur mal rasée me frappèrent, ainsi que l’aspect crasseux de toute sa personne et la figure de brute qu’il tendait vers nous.

— Voilà nos cousins de Bocquensé !

Cri presque joyeux qui nous réconforta quelque peu.

— Mais prenez donc place !

Le comte, sans attendre :

— Le marquis de Bocquensé et sa sœur, Mlle de Bocquensé ; le baron de Tesnes et sa mère, la baronne de Tesnes.

La vieille dame se leva, le fils non.

Notre embarras, je le sentais, faisait peine à voir. Les plats d’argent étaient sur la table