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l’hermine passant

Un doigt sur la bouche, et plus bas :

— Le jeune Thibault… dettes de jeu !

Elle poursuit dans un subit silence de mort, et sa voix n’est qu’un chuchotement :

— Vous pensez bien que, sans ces circonstances, il ne vous serait pas demandé cinquante mille francs pour une pièce de musée qui en vaut au moins le double. Je connais…

Elle s’est reprise :

— Nous connaissons le prix exact de ce que nous offrons.

Le vieux démon s’est documenté soigneusement avant de nous écrire. C’est bien. À nous deux, alors !

— On voit, mademoiselle, que vous vivez depuis des années loin de Paris. Savez-vous ce que c’est que de clouer un tableau ?

— Clouer un tableau ?…

Son ahurissement m’amuse déjà.

— Clouer un tableau, mademoiselle, voilà ce que c’est : vous allez proposer votre chef-d’œuvre à un marchand. Il vous en offre aussitôt le quart du prix. Vous haussez les épaules et sortez. Mais, à partir de ce moment, vous pouvez passer chez tous les marchands,