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l’hermine passant

« Je n’ai pas entendu la suite. Sa main sur la porte m’a fait fuir comme un rat. Je me suis blottie au fond du couloir noir, et je n’ai plus osé approcher, bien que la scène ait continué si longtemps que la lampe a dû manquer d’huile, car la lumière s’est éteinte sous la porte. Et, pourtant, ils chuchotaient encore. Ensuite, ils ont dû allumer une bougie, car j’ai revu passer une petite lueur. J’ai entendu maman pleurer, ça oui. Et puis, j’ai fini, bien tard, par aller me coucher.

« Mais tu vas voir la suite !

« Thibault, le lendemain, n’était plus chez nous. C’est là que Mademoiselle nous a dit qu’il était en voyage. Moi, je n’ai pas soufflé mot. Marie-Louise a dit : « ah ! » c’est tout, car elle n’a pas l’habitude de demander d’explications. Et puis, pour ce qu’elle aime Thibault qui la taquine, lui tire les cheveux et la pince tout le temps pour se distraire… (moi, il n’ose plus, depuis que je l’ai griffé à la figure).

« Donc, voilà Thibault parti. Le reste, à tout à l’heure. Je veux que tu saches d’abord la seconde chose.