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l’hermine passant

(Le dernier mot est si grossier que je préfère le traduire ainsi.)

« Il n’y avait plus que du silence pour lui répondre. Je n’entendais que ce petit rire de papa que tu connais bien.

« Notre frère a poursuivi :

« — Que Bertrande et Marie-Louise se laissent faire avec leurs yeux baissés, ça les regarde. Nous verrons si ça durera toujours. Mais moi qui n’ai pas d’autre distraction que de chasser quand, par hasard, papa me prête ses chiens, moi à qui on refuse de m’occuper des terres et des fermages parce que papa veut tout diriger seul, moi qui n’ai qu’à bâiller toute la journée, puisqu’on ne reçoit pas un journal ici, pas même La Croix, moi qui traîne entre la maladie de cœur de maman, le mutisme de papa et vos regards en dessous, vous, « l’inconvénient », qui terrorisez tout le monde en silence, moi, qui vais avoir vingt-trois ans, je considère que j’ai le droit de respirer à ma façon (pardon, Béatrice ! je répète) et je f… le camp, à votre nez, avec la garce qui me plaît et à qui je plais, et qui vaut mieux que vous, las d’hypocrites que je vomis ! »