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l’hermine passant

lui faire signe que c’était pour rien. Je le vis hausser les épaules.

— Vous voulez rire, mademoiselle !

Le mouvement qu’il fit vers la porte accusait encore son expression moqueuse. Il traitait l’achat d’une relique sacrée et d’un chef-d’œuvre, comme celui d’un lot de fournitures d’auto. Une honte me vint. Je tâchai à la dissimuler. L’attitude de la vieille fille m’achevait, ayant toute l’éloquence du scandale silencieux.

Pour avertir mon frère sans en rien montrer :

— Laissez-nous réfléchir, mademoiselle ! Nous pourrions revenir demain. Nous passerions la nuit à Laval ou au Mans, voilà tout ! N’est-ce pas, Édouard ?

Édouard avait compris.

— Et vous réfléchiriez aussi !… jeta-t-il.

— Vous voulez dire que M. le comte réfléchira !… rectifia-t-elle en exhalant un soupir qui me parut plein d’un espoir soudain.

Toutes les rides de son visage remontèrent, Elle souriait.

— Ces automobiles, s’écria-t-elle, c’est vraiment merveilleux ! Vous parlez de cou-