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l’hermine passant

Ce n’est pas parce qu’on a figuré sur des lettres de faire-part qu’il faut ignorer cette pudeur qui fait un amant et une maîtresse se cacher des regards d’autrui.

Afin de tromper sa solitude subite, elle, habituée depuis tant d’années à ne vivre que pour son frère, elle décida de retourner à la Quinteharde pendant que l’été régnait encore avec ses longs jours (un été que, pour la première fois, elle passait à Paris), à dessein de surveiller l’emballage et la mise en camion du La Tour dont elle avait déjà préparé l’emplacement dans l’appartement d’Édouard.

Cet appartement où elle vivait bien plus que dans le sien propre, c’était, en attendant le retour des amoureux, son plaisir de l’aménager afin, pour ainsi dire, de le mettre au féminin.

Le foyer d’un célibataire, même dirigé par une tendre sœur, ne saurait convenir tout à fait à la jeune femme qui va venir en prendre possession. Marguerite de Bocquensé mettait en œuvre tout son bon goût, tout son sens artistique pour que le nid de la belle-sœur chérie fût ce qu’il devait être.