Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
l’hermine passant

charmant et d’assez grotesque à la fois. Charmant de par la féerie d’une Bertrande changée en lis dans son satin blanc, et de par la naïveté campagnarde de la cérémonie à laquelle assistaient tous les fermiers environnants ; grotesque à cause du défilé de la famille, parents et alliés venus de loin, extraordinaires funambules extirpés d’on ne sait quels châteaux. Pas un nom roturier dans le cortège. Mais quels gibus ! Mais quelles capotes à fleurs ! Mais quelles redingues et quelles toilettes ! J’étais heureuse que nulle connaissance de Paris n’eût été prévenue. Les lettres de faire-part allaient être envoyées huit jours plus tard, avec la formule « stricte intimité ».

Le déjeuner qui suivit la messe, somptueux par mes soins et riche en vieux vins et champagne, ne dérida que très peu la morgue de tout ce monde-là.

Pour nos cousins, cette bombance, dont on parlerait pendant des années, et leur orgueil de présenter le marquis leur gendre, étaient gâtés, je le sus plus tard, par la terreur de voir leur fils Thibault apparaître et faire quelque esclandre, bien qu’ils lui eussent