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DÉCLARATION


Tu m’as lavé, tu m’as drainé mon âme lâche
Où la mélancolie avait mis son baiser,
Et raclé dans leur mal mes os civilisés
Avec ta dureté pareille à une hache.

Tes mains ont libéré toutes mes passions,
Décourbé rudement l’ankylose peureuse
Des siècles, arraché mes fibres douloureuses
Du terrain de la race et des traditions.

Maintenant, je connais et je peux. Mon écorce
Éclatée a laissé toute mon âme à nu.
Je pousse vers la vie un tel cri suraigu
Qu’elle aura peur de moi, peut-être, et de ma force.