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LE POÈME DE LA GUERRE DES VIVANTS ET DES MORTS


Vivants chargés de chair et squelettes terreux
Se sont rués un jour les uns contre les autres
Au fond de ma pensée intime pleine d’eux,
Et j’entendais leurs cris de violents apôtres.

Ces ennemis qui n’ont de pareil que les dents,
Se les montrant de près, cognaient une armature
D’os bruns où pend encore un peu de pourriture,
Contre la force en jeu des corps outrecuidants.

La guerre piétinait le bord blessé des fosses,
Et la rage montait du fol rassemblement,
Et les têtes de mort ouvraient sauvagement
La vérité des trous sur les prunelles fausses.