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ROSES DE LA MORT


Le hasard, qui tous deux aujourd’hui nous promène,
Nous arrête devant ce cimetière vert :
Entrons. Voici déjà, dès le seuil entr’ouvert,
Ses rosiers lentement nourris de chair humaine.

L’abandon et l’été font comme un beau jardin
Des tombes. Chaque rose y est si lourde et grasse
Qu’on devine à la voir que tout le mort y passe,
Et qu’on recule un peu d’y réfléchir soudain.

Cependant, cueillons-en plusieurs pour ma ceinture.
Saurait-on résister à la tentation
Des roses ? J’oublierai que leur carnation
Divine a pris sa vie en pleine pourriture.