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COLLOQUE


La mort m’a dit : « Poète, il est temps ! Si tu veux,
» Doucement je mettrai mes doigts sur tes paupières,
» Et tu t’endormiras dans la pleine lumière,
» Avant d’avoir perdu le souvenir des dieux.

» Ainsi, devançant l’heure où les êtres se couchent,
» J’offre à ta jeune vie un émouvant destin ;
» Car je vais, d’un ciseau funèbre et clandestin,
» En pleine passion sculpter ta belle bouche.

» Je suis douce. Mon lit est mol, ample, profond ;
» Dans mon parterre en fleurs un beau soleil se joue.
» La place est déjà creuse où tes cendres seront,
» Je sens déjà fleurir mes roses dans tes joues. »