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Première nuit

Le silence de la forêt de chênes-lièges
Monte immensément dans la nuit,
Nourri des millions de furtifs petits bruits
Des existences qu’on ignore et qui y siègent.

La respiration brûlante du gibier
S’y mêle au cours des eaux, au frôlement des plantes,
À des souffles d’humains enfouis sous des tentes
Plus sauvages que des terriers.

Moi, parmi cette nuit des premiers temps du monde,
J’ai couché mon front dans mes bras
Et laissé s’enrouer dans ma gorge profonde
Le sanglot qu’on n’explique pas,


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