Page:Delarue-Madrus - La Figure de proue.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sillage

Tu es beau, tu es doux, commencement du soir,
Quand je vais sur la grève africaine m’asseoir,
Dans le creux d’un rocher pour longtemps installée
Comme attendant toujours qu’une dame salée,
Ma furtive, glissante et singulière sœur
Monte pour moi du fond des eaux avec douceur,
Lorsqu’il n’apparaît rien qu’une dolente lune
Qui, pleurant sur la mer sa lueur opportune,
Éteint dans la froideur d’un long ruisseau d’argent
Les dernières rougeurs du soleil outrageant.
Et dit à mon espoir que, sur les vagues, traîne
Le sillage luisant et bleu de ma sirène…


— 32 —