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La Figure de proue


Mon jeune âge fleurit ta dernière maison.
Ces larmes, dont le sel inattendu t’arrose,
Me secouent sur ton tombeau neuf, comme la rose
Fragile et pleine d’eau de l’arrière-saison.

Je touche avec terreur la terre qui t’étouffe.
Ton corps de mère est donc ici, vieux et puissant,
À n’engendrer plus rien que ces herbes en touffe,
Après avoir créé la race de ton sang…

Mais je l’atteste ici : je suis de ton lignage.
Ma bouche filiale, ô défunte, ô mon nom,
Ne pouvant s’enfoncer jusqu’où dort ton visage,
Baise la croix debout sur toi, couchée en long.


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